COMMENT FAIRE D’UN ÉCHEC UN TREMPLIN VERS LE SUCCÈS ?
Connaissez-vous quelqu’un qui n’ait jamais connu l’échec, dont la vie ne serait qu’une succession de réussites ? Pas nous ! L’échec est inévitable, il fait partie de la vie, dans tous ses aspects. Quand on entreprend quelque chose, on prend le risque d’échouer. Et souvent, c’est justement grâce à ces échecs, en étant capable de les surmonter, que l’on réussit. Guillaume Néry, double-champion du monde d’apnée, nous partage dans sa Master Class exclusive les fruits qu’il a tirés de ses insuccès, et les tremplins incroyables que ces événements ont été pour lui.
On peut dire que Guillaume Néry a réussi. Il est aujourd’hui champion du monde et a battu, à de nombreuses reprises, les records mondiaux de profondeur en apnée dans la catégorie poids constant. Il a atteint ses rêves, ses objectifs, il est même allé plus loin qu’il ne l’imaginait. Et pourtant il ne compte plus les échecs par lesquels il est passé. Qu’ils soient petits ou grands, ces obstacles jalonnent sa route.
Le point de départ de sa carrière a d’ailleurs été un échec. À 14 ans dans un bus, un ami l’avait défié de retenir son souffle plus longtemps que lui. Il n’a pas réussi, ce que son esprit de compétiteur n’a pas accepté. Vexé par cette défaite, il s’est entraîné jour après jour, en retenant sa respiration seul dans son lit, pour progresser et battre son ami. Ce qui n’était à l’origine qu’un simple jeu est devenu une obsession puis une passion, et enfin son métier. Mais que serait-il arrivé s’il avait gagné le défi dans le bus ? Il serait sans doute passé à autre chose…
Au début de sa carrière, après avoir battu un record mondial à seulement 20 ans, l’idée de l’échec le terrorisait. Il n’envisageait que la réussite. Et c’est la peur de rater, qu’il ne parvenait pas à maîtriser, qui l’a d’abord conduit à une série d’insuccès. « Je n’ai pas le droit d’échouer ». Le refus de s’accorder une possibilité d’échec a engendré en lui une peur viscérale qui le paralysait. Et puis, un jour en 2009, au championnat du monde aux Bahamas, une amie lui a dit : « Détends-toi, ce n’est qu’un jeu. » Ça a été pour lui un déclic : tu y vas, tu essayes, tu réussis ou tu te loupes, on s’en fiche, c’est un jeu. Ce jour-là, il a effectué une plongée extraordinaire. Et depuis, il garde cette pensée. Une des clefs de sa réussite, c’est cela. Accepter la possibilité de l’échec, regarder ses peurs en face, sans les fuir mais pour les maîtriser, et arrêter de se mentir. Dédramatiser. Vivre comme on joue.
En 2015, Guillaume veut battre son 5e record du monde, en tentant de descendre à 129 mètres de profondeur. Mais un accident survient, quelque chose qui n’était encore jamais arrivé dans l’histoire de la compétition en apnée. Une erreur commise par les organisateurs dans la mesure du câble, le long duquel il descend, lui fait perdre connaissance, et il fait une syncope à quelques mètres de la surface. Remonté par les apnéistes de sécurité, il reprend connaissance hors de l’eau, et réalise que sa performance, qui était pourtant un record de profondeur, ne peut pas être validée puisqu’il n’est pas arrivé jusqu’au bout. Une vague de désespoir l’envahit : ce n’est pas tant la déception d’avoir échoué, car cela arrive, mais l’amertume de constater qu’il n’avait absolument pas vu venir cet échec. Il pensait avoir atteint la maîtrise totale de sa performance, et il se rend subitement compte « qu’[il] n’avait rien compris, après 20 ans de pratique ». Il comprend ensuite que l’erreur n’est pas de son fait mais de celui des organisateurs, et en réalisant qu’il est passé très près de la catastrophe, il décide de mettre en pause sa carrière de compétiteur de haut-niveau.
Après une performance, qu’elle soit réussie ou ratée, c’est l’heure du bilan pour en tirer les enseignements. Le drapeau de la victoire, planté au bout du parcours, a deux faces : d’un côté la victoire, visible aux yeux de tous, et de l’autre, la face cachée, celle des échecs. Il y a des leçons fondamentales à tirer de toute expérience pour avancer et planter le drapeau suivant. Après l’accident, Guillaume laisse de côté les émotions, et analyse son échec comme un objet extérieur à lui-même. L’erreur n’était pas de son fait, cela facilite la prise de recul. Mais il avait aussi une part de responsabilité. Il pensait que tout était sous son contrôle, il n’avait pas imaginé l’imprévisible, il n’avait pas laissé de marge de manœuvre pour pouvoir gérer ce qu’il ne peut pas prévoir. Reconnaître son échec fait partie du processus pour le transformer en étape vers le succès. Le constater et l’analyser pour en trouver les causes et repenser son projet.
La progression n’est jamais parfaitement linéaire. Il y a des moments de doute, il y a des échecs, des accidents. Ces moments poussent à se réinventer. À découvrir de nouvelles méthodes, d’autres chemins qui mènent à la victoire. Ils font pleinement partie du processus d’apprentissage. Ne pas échouer signifie que l’on ne quitte pas sa zone de confort.
En entreprise, le rôle du manager est de changer la perception sur l’échec, pour permettre au salarié de les transformer en levier de succès. Non, un salarié qui échoue n’est pas un mauvais professionnel. Au contraire. Dans d’autres pays, l’échec est même parfois un critère de recrutement. En tant que manager, votre rôle est de dédramatiser et d’accompagner le salarié à surmonter l’échec en valorisant les éléments positifs, en identifiant avec lui les défauts du projet, et en l’aidant à se fixer de nouveaux objectifs.
Les moments de doutes et d’échecs nous poussent à aller là où on ne pensait pas aller, voire là où personne n’est jamais allé. Pendant des années, Guillaume ne voyait l’apnée que sous l’angle de la performance, des records à battre. Son accident en 2015 l’a incité à prendre du recul sur la compétition, et à s’ouvrir à d’autres aspects autour de son univers. Il a eu envie de se renouveler et de partager autre chose avec le grand public. De montrer que l’apnée est plus qu’un simple record : ce sont des sensations extraordinaires sous l’eau, et des bienfaits évidents pour le corps et l’esprit. Il veut partager sa passion avec un regard nouveau.
Aujourd’hui, à travers ses courts-métrages (Free Fall, One Breath Around the World, etc), il utilise le pouvoir de l’image et de l’art pour éveiller les consciences et donner envie aux gens d’aimer et de protéger le monde sous-marin.
Guillaume Néry vous dévoile dans Master Class exclusive sur le dépassement de soi ses secrets pour parvenir au succès en partant d’échecs parfois cuisants.
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