LES 3 MOMENTS CHARNIÈRES DANS LE COMBAT DE NOTRE-DAME CONTRE LE FEU
9 heures de lutte acharnée face au feu. Dans la nuit du 15 au 16 avril 2019, a lieu l’incendie historique qui a ravagé la toiture et la charpente de Notre-Dame de Paris. Le général Gontier dirigeait les opérations ce jour-là et a mené ses équipes à la victoire dans cette bataille spectaculaire. Il dévoile les coulisses de l’intervention dans une Master Class sur le leadership par la confiance, et évoque les trois moments charnières du combat contre le feu.
Aux alentours de 19h, le départ du feu est constaté. De nombreuses images et vidéos impressionnantes circulent déjà sur les réseaux sociaux. Les camions de la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP) arrivent en moins de 10 minutes.
1. La première demi-heure : analyse de la situation
Les 30 premières minutes sont déterminantes pour fixer un dispositif à la hauteur de l’enjeu. Pour prendre le poul, le général Gontier se rend sur le terrain et procède à son tour du feu, au plus près du sinistre et au contact des équipes. Il constate ainsi la situation, vérifie l’ampleur de l’incendie, et commence déjà à mesurer les moyens qu’il faudra déployer. De retour au Poste de Commandement, il confirme et complète les choix pris par les premiers arrivés.
Notre-Dame est divisée en quatre secteurs. Chaque chef de secteur donne des précisions sur la situation, permettant au commandant des opérations d’avoir la meilleure visibilité pour prendre la meilleure décision.
À Notre-Dame, le constat est clair : tout ne pourra pas être sauvé. Il s’agit dès lors de choisir ce qui devra être préservé. Inutile de s’acharner sur la charpente dont la destruction est déjà trop avancée, la bataille doit être menée ailleurs.
« La première demi-heure est cruciale car il faut demander tout de suite tout ce dont on peut avoir besoin », souligne le lieutenant-colonel Gabriel Plus, porte-parole de la BSPP.
2. Détérioration sérieuse de la situation
Les moyens sont déployés, les renforts sont arrivés. Mais le feu continue de progresser.
À 19h57, la flèche de Viollet-le-Duc s’effondre, perçant la toiture dans sa chute. Les équipes sont immédiatement évacuées.
Le feu se propage à travers les abat-sons au sommet des tours nord. Le dispositif n’est pas efficace sur cet endroit précis. Tout est en suspens : c’est le moment où la bataille de Notre-Dame peut autant être perdue que gagnée.
3. L’opération de la dernière chance
La situation stagne : il faut aller traiter le mal à la racine, quitte à sacrifier une zone pour ne pas tout perdre. Les pompiers appellent cela « la part du feu ». Dans le feu de l’action, l’efficacité de la prise de décision est déterminante. Le tandem de commandement, les généraux Gallet et Gontier, font alors le choix de faire entrer un commando d’une vingtaine d’hommes jusqu’aux plateformes où sont positionnées les cloches, entre les deux beffrois, pour contrer le feu. L’emplacement est particulièrement instable, les risques sont immenses. Mais ils sont connus, et l’intervention est désormais incontournable. Après avoir analysé la situation le plus précisément possible et mesuré tous les risques, le leader doit savoir dire « on y va ».
Les hommes se rendent en haut des tours, tout s’enchaîne très vite. Au bout d’un quart d’heure, le feu faiblit. Jean-Marie Gontier repart faire un nouveau tour du feu et revient à 22h. « Elle est sauvée » annonce-t-il. Une heure après l’envoi du commando dans les tours nord, la bataille est gagnée.
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